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RE-REPLAY Rejouer autrement. Films, performances, installations

Organisé par le Labex « Les passés dans le présent », la MSH Mondes, l’ACA² de l’Université Paris Nanterre, le Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative (LESC – UMR 7186) et le laboratoire Histoire des Arts et des Représentations (HAR – EA 4414).

Dans le cadre du projet (Re)play it again : reenactments et non-reconstituables

En ces temps où le passé semble ne vouloir faire retour qu’à travers certains de ses schémas les plus sombres, n’être reconvoqué que sous les traits de la régression et du pire – voire d’une nostalgie pétrifiée et pétrifiante –, il est important d’affirmer qu’il  n’est pas le pré carré des conservateurs et des réactionnaires. Les reprises du passé constituent notamment un aiguillon pour de nombreuses pratiques de recherche-création, et prendre appui sur lui, jouer avec, le remettre en jeu devient alors un moyen d’interroger le présent, d’ouvrir et d’étayer des futurs. Re-enacter, reprendre, ré-activer, ré-agencer, relancer, ré-inventer, rejouer… Le « re » recouvre une multitude de nuances, de multiples possibles, qui gagnent à être explorés et expérimentés – et aussi divers sont donc les termes pouvant désigner ces pratiques qui convoquent aujourd’hui des matériaux d’autrefois (des images, des sons, des écrits, des gestes, des mots, des intentions, des désirs, des pensées…) pour comprendre, affronter, se réapproprier et se projeter dans un avenir paradoxalement renouvelé.

Des performances, des films, des installations qui font de la répétition et de la reprise un geste critique de création, qui jouent, s’amusent avec les empreintes et les traces d’antan, qui, parfois, usent de machines désuètes pour penser le présent – autant d’actualisations de notre passé qui relient les différents états du temps plutôt que de les figer – seront réunis pendant deux jours à l’université Paris Nanterre dans le cadre d’un événement porté par le labex Les passés dans le présent. Cet événement est lui-même la réitération d’un autre semblable (organisé en 2024 avec l’université et le Centre for Contemporary Art de Glasgow) ; semblable certes, mais bien sûr différent, car rien ne se rejoue jamais à l’identique : si des choses se rejouent, ce ne peut être toujours qu’autrement.

Programme

Mercredi 8 octobre
De la métempsychose et des fantômes, des images qui dansent, des nano-ordinateurs et un jeu d’arcade, de la poésie, faite d’argile, d’images et de sons…

Pet et Répète sont dans un bateau… (14h15, théâtre Koltès), séance d’ouverture avec Baptiste Buob, Ghislaine Glasson Deschaumes, Carl Lavery et Christophe Triau

Black Hole (14h45, théâtre Koltès), film d’Emmanuel Grimaud et Arnaud Deshayes.
À Calcutta, dans le cabinet de l’hypnothérapeute Trupti Jayin, des patients explorent leurs vies antérieures et se retrouvent propulsés à diverses époques, pour essayer de traiter les traumatismes de leur existence actuelle. Dans le même temps, des chasseurs de fantômes, munis d’appareils électro-magnétiques, enquêtent sur des maisons délabrées et tentent d’établir une communication avec les présences qui les hantent. Black Hole oscille entre le dispositif médiumnique et le piège à fantômes, traquant les étranges chemins de la réincarnation, jusqu’au court-circuit.

PIA (16h, espace Reverdy), installation-atelier de Vincent Rioux et la Cie Dodescaden
De la plasticité et de l’informatique, du lowtech aussi, les images d’une performance, de la programmation concurrente, des écrans, une pincée de rituels de possession et de l’esprit de résistance des Haoukas filmés par Jean Rouch… Tout cela mélangé donne une petite idée de ce qu’est PIA. Et si l’on ajoute la conférence que Vincent Rioux donnera le lendemain au théâtre Koltès, nul doute que cet étrange machin n’aura plus de secrets ! Quoique…

More than a passing pleasure (17h, théâtre Koltès), performance de Lee Hassall.
Hommage, étrange et ekphrastique, rendu au texte « Recollections of a Tour Through Scotland » écrit par Dorothy Wordsworth en 1803.

Being in a place ( 18h, théâtre Koltès), film de Luke Fowler.
À l’aide d’une archive de documents inédits faite de notes, de rushes, de correspondances et de morceaux d’entretiens sonores, Luke Fowler raconte la vie et le travail de la cinéaste et poétesse Margaret Tait ainsi que des Orcades, archipel du nord de l’Écosse et région natale de la cinéaste. Pour dresser le portrait de Tait, Luke Fowler arpente les lieux. Il accorde une même valeur et accueille avec la même tendresse les propos des voisins, des gens qui ont aimé la cinéaste ou des spécialistes de son travail. Par une filiation évidente, se retrouve chez Fowler la méthode de Tait : apporter une attention similaire à tout ce que l’on filme et prendre le temps de saisir les détails intimes et les transformations les plus modestes.

Déambulations en coulisses (19h, espace Reverdy)

Un Alpha-Bêta-Test, replay (20h, théâtre Koltès), performance de Pierre Thévenin, Emmanuel Ducourneau et Mickaël Berdugo.
Étonnant objet d’études : plusieurs chercheurs ont détourné une borne de jeu vidéo d’arcade afin « d’onto-cartographier » un classique de la poésie sonore, le poème Vaduz de Bernard Heidsieck. La présentation de leur machine donne naissance à une performance, à la frontière de la musique expérimentale et de la poésie.

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Jeudi 9 octobre
Des films (in)achevés, de la poésie toujours, une idiotie artificielle, une utopie ressurgit, des corps possédés par leurs aspirations de jeunesse…

Une femme-léopard (13h30, théâtre Koltès), film de Luc de Heusch, monté par Damien Mottier, Grace Winter et Thibault Verneret (1954-2023)
La bouche fermée par des brindilles d’herbe, le buste couvert de peintures corporelles, une femme, vêtue d’une cape en peau de léopard, se met en mouvement lors d’un rituel organisé par les maîtres de la forêt, une association d’initiés très influente parmi les Tetela-Hamba. Filmée le 5 septembre 1954 par l’anthropologue et cinéaste belge Luc de Heusch dans le village de Mundjo (province du Sankuru, RDC), cette séquence composée de 5 bobines 16 mm a été retrouvée à la Cinémathèque royale de Belgique en 2020 puis montée en 2023 par Damien Mottier, Grace Winter et Thibault Verneret, avec le soutien du Labex Les passés dans le présent.

Replaying a life (14h15, théâtre Koltès), conférence performée de Carl Lavery.
Que signifie rejouer une vie ? Qui rejoue ? Où a lieu cette relecture ? Comment ? Par où commencer ? Pourquoi cette étrange obligation, dans la relecture, de faire preuve de fidélité par la trahison, cette éthique paradoxale, cette loi cosmique de la création ? Dans sa conférence-performance, Carl Lavery répond à ces questions en se confondant avec l’artiste performeuse Ana Mendieta et le groupe de rock anglais Robin Hitchcock and the Egyptians.

Vieilles bobines (15h, théâtre Koltès), recherche filmique en cours de Baptiste Buob, Jérémie Grojnowski, Jonathan Larcher et Nathalie Masseglia.
Quelques images, quelques sons et quelques considérations sur les premiers temps d’une enquête d’ethno-archéo-cinématographie expérimentale menée dans un lavoir et le sillage des travaux de Claudine de France à Lignerolles (Châtillonnais) au début des années 1970.

Alpha-Bêta-Test, re-replay (16h, espace Reverdy), installation-atelier de Pierre Thévenin, Emmanuel Ducourneau et Diane-Line Farré.
Atelier autour de cette étonnante borne de jeu vidéo d’arcade (qui a permis « d’onto-cartographier » le poème Vaduz de Bernard Heidsieck) présentée la veille à l’occasion d’une performance.

PIA, anthropie et entropie
 (17h, théâtre Koltès), conférence musicale de Vincent Rioux.
Après l’atelier de la veille, Vincent Rioux s’interroge : PIA signifie-t-il Performance in absentia ou Petite idiotie artificielle ? Afin de répondre à cette grave question, il se penchera notamment sur les enjeux bien actuels des systèmes entropiques et anthropiques.

Parilivka (17h30, théâtre Koltès), film de Laetitia Delafontaine et Gregory Niel.
Exercice d’imagination sur la capacité des formes de reconstitution à nous faire réfléchir sur les possibles de notre présent (et donc sur les alternatives de notre futur), Parilivka prend l’apparence d’une forêt-jardin virtuelle qui transpose la méga-cité néolithique dans une perspective actuelle, superpose les réalités et les temporalités, entrelace proto, présent et futur.

Re-déambulations en coulisses
 (18h, espace Reverdy)

Jellyselfish (19h, théâtre Koltès), performance de la Compagnie Dodescaden
Jellyselfish est une performance chorégraphique dans laquelle la Compagnie Dodescaden continue à remettre en jeu son travail autour du film Les Maîtres Fous de Jean Rouch (1954) pour interroger la place actuelle prise par l’image et le désir de paraître. Comment l’attachement à la mise en scène permanente de soi et au désir d’être un autre s’infiltre en nous et façonne nos corps ? Jellyselfish pour « gelée d’égo » ou « gelée de moi » – un drôle de mot qui contracte jellyfish (méduse, personne veule) et selfie (égo-portrait) – et faire émerger des figures paradoxales, burlesques et terrifiantes, issues des nouvelles forces de pouvoir, à la fois oppressantes et porteuses des phantasmes, qui gouvernent notre monde contemporain.

Date

08 - 09 Oct 2025

Lieu

Université Paris Nanterre
200 avenue de la République 92000 Nanterre