Le reenactment révèle un singulier agencement des temporalités. Participant de l’économie culturelle et de la circulation des connaissances, cette actualisation du passé par le corps en action interroge les régimes d’historicité et de temporalité dans des cadres visant autant à constituer des preuves, diffuser des savoirs, mener des investigations scientifiques que valoriser des œuvres d’art. Ces expériences physiques, émotionnelles, affectives et itératives participent ainsi de la constitution des mémoires, de leur transmission comme du travail historien. Tributaire de l’action qu’il entend reproduire, le reenactment interroge l’événement et le moment de sa perception. À partir d’un état de l’art de l’abondante littérature sur le reenactment et d’un intérêt spécifique pour certaines formes extra-européennes, jusqu’à présent peu considérées, il s’agira de mener un projet croisant différentes disciplines scientifiques et pratiques artistiques, recherche et formation. Le projet se déploiera ainsi sur deux fronts indissociables et congruents : l’un théorique, mené par une équipe pluridisciplinaire croisant les sciences humaines et sociales avec les sciences formelles ou expérimentales ; l’autre empirique, impliquant artistes et curateurs. Cette recherche entend donc explorer les incidences des usages du reenactment sur l’écriture et la transmission de l’événement, à partir d’études de cas et de réalisations élaborées par des chercheurs, des artistes et des étudiants. Au cœur de ce pôle fédérant spécialistes de l’anthropologie de la performance et des études des représentations, la théâtralité sera mobilisée comme outil épistémologique commun.

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