Doctorante
Membre du collectif FAR Femmes Artistes en Réseaux, Documentation et archives des sororités artistiques (XIXème-XXème siècles) ; Membre de l’AHAO Association d’Histoire de l’Art des Outre-Mers.
Thèse
Artistes femmes en situation coloniale : une étude des réseaux artistiques autour d’Anna Quinquaud entre la France, l’Afrique et les Antilles (1924-1950), sous la direction de Maureen Murphy et de Christelle Lozère (Université des Antilles)
Depuis une dizaine d’années, plusieurs musées ont sorti de leurs réserves tableaux et sculptures d’artistes femmes parties aux colonies, lors d’expositions très fréquentées comme « Peintures des Lointains » au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, « Pionnières »au Musée du Luxembourg ou « Artistes Voyageuses, l’appel des lointains »au Palais Lumière d’Évian-les-Bains. Ces événements montrent un intérêt nouveau du monde muséal pour le travail méconnu de ces artistes mais aussi toute la complexité d’exposer en contexte ces oeuvres issues de la colonisation, période encore tabou en France. Souvent présentées par les termes « pionnières » et « féministes » dans la mouvance des expositions sur les artistes femmes, ces raccourcis et l’accrochage occultent souvent la complexité des profils. Le sujet que nous nous proposons de traiter s’inscrit à la fois dans les études postcoloniales, mais aussi dans les études culturelles et de genre. Notre sujet tend également à nourrir le débat muséographique en repensant la manière d’exposer l’art colonial au prisme de son contexte et du genre. L’art en situation coloniale a été défini récemment et est encore relativement absent des livres d’histoire de l’art. Nous souhaitons inscrire notre travail dans les études de genre et dans le mouvement de réaffirmation de l’importance des parcours des artistes femmes, entrepris dès 1970 par Linda Nochlin suivi par une production plurielle d’expositions et ouvrages des années 2000 à aujourd’hui. Les rares ouvrages sur les artistes femmes coloniales sont principalement monographiques pour certaines métropolitaines, et pratiquement inexistants, à notre connaissance, pour les artistes issues des colonies. Le sens le plus courant du terme « artiste coloniale » est celui utilisé pour parler des artistes femmes métropolitaines partant dans l’Empire à l’aide de bourses et prix de la Société Coloniale des Artistes Français, de compagnies de transports ou touristiques, ou par leurs propres moyens. L’étude de la polysémie du terme « coloniale » sera un élément central de notre étude, souhaitant montrer à la fois les circulations et productions plastiques d’artistes métropolitaines aux colonies mais également celles d’artistes issues des colonies exposant et/ou se rendant en France. Nous voulons aller au-delà de l’analyse manichéenne colon-colonisé et montrer des enjeux plus complexes, notamment en étudiant les circulations de ces artistes femmes. Nous nous concentrons, dans notre travail, sur la figure majeure et centrale d’Anna Quinquaud (1890-1984) et les réseaux artistiques féminins coloniaux et métropolitains l’entourant. Notre étude porte sur les voyages, la carrière coloniale, les œuvres et expositions de l’artiste, et sur les réseaux et circulations d’artistes femmes autour de cette dernière entre la France, les colonies d’Afrique françaises, notamment Madagascar où elle sera professeure à l’Ecole des Beaux-Arts, et les Antilles françaises. En décentrant le regard, l’histoire de l’art coloniale sera pensée de manière horizontale, faisant des colonies tout autant des centres que la métropole. Les mouvements bilatéraux d’artistes femmes autour d’Anna Quinquaud entre la France et les colonies seront analysés. Dans ce cadre l’intérêt se portera sur leurs carrières et la compréhension de leurs productions plastiques, de leurs expositions et leurs réceptions. Les transferts culturels existants entre les deux versants et notamment les réseaux artistiques apparus aux colonies et en métropole seront étudiés, tout comme les échanges culturels entre la France et ses colonies, au travers des interrelations tissées entre les artistes coloniales. Seront donc traitées les circulations artistiques entre la métropole et les colonies entre 1924, date d’obtention du prix de l’AOF par Anna Quinquaud, jusqu’à l’aube des décolonisations. L’approche se veut aussi globale et par là transimpériale en opérant des points de comparaison avec d’autres pays européens.
Domaines de recherche
- études sur le genre
- artistes femmes
- artistes coloniales
- études coloniales
Principales publications
- Actes du colloque du CREDIC à paraître chez Karthala [courant 2025].
- « Artistes femmes et art colonial : regards sur les femmes noires colonisées d’Afrique française dans l’entre-deux-guerres (1920-1940) », sur le carnet Hypothèse de Madame Tiphaine Martin « Voyage autour de mon cerveau ».
Communications
- Participation à la journée d’étude « Être sculptrice à Paris et ailleurs », jeudi 9 octobre 2025, Musée Camille Claudel à Nogent sur Seine.
- Participation aux Journées du Patrimoine de l’INHA : conférence le dimanche 21 septembre 2025.
- Participation à la journée d’étude Tailoring Identities, Pour une histoire de la masculinisation de la mode féminine, INHA, 30 juin-1er juillet 2025.
- Participation au Congrès de la Société d’histoire coloniale française, « Représentations de l’empire : L’art, des musées, les expositions », 29-31 mai 2025, Buffalo, Etats-Unis.
- Participation au Congrès Rotonde 2025 (Re)trouver le passé, INHA, 4 avril 2025.
- Participation à la 8ème journée d’étude des jeunes chercheurs du CRULH, « Espaces et mobilités », Université de Nancy, 3 avril 2025.
- « Faire entrer les techniques artisanales des colonies françaises d’Afrique au Musée de l’Homme : pédagogie de l’artisanat et transmission du geste par les artisans aux ethnologues puis de ces derniers aux métropolitains (1930-1950) », colloque “Formations et circulations : enseignement de l’artisanat en contexte colonial et post-colonial XIXème-XXème”, Paris, Institut National d’Histoire de l’Art, 12 et 13 décembre 2024.
- « Madeleine de Lyée de Belleau (1873-1957), missionnaire : Facette d’une artiste, photographe, écrivain et journaliste qui accompagne et documente l’action des Missions Catholiques en Afrique coloniale (1938) », colloque international du CREDIC « Femmes missionnaires en terres d’islam : enracinements, limites, mutations (début XIXe siècle – début XXIe siècle) », Institut français à Rome, du 18 au 21 novembre 2024.