Journée d’étude / Le printemps du théâtre ? : l’art à l’épreuve des révolutions
Dans le cadre du cycle de recherches : « Révoltes, révolutions et performance au Proche et Moyen Orient au 21ème siècle »
Troisième journée d’études internationale
Le printemps du théâtre ? : l’art à l’épreuve des révolutions
Vendredi 22 novembre 2019
9h30 – 18h00
Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon
Salle Roger Blin
Paris 6ème
Depuis près de deux décennies, les régions du Proche et du Moyen-Orient ont connu de nombreux mouvements politiques, de révoltes, et de contestations. A travers des mouvements contestataires sectoriels, souvent réprimés, jusqu’aux grands mouvements sociopolitiques et/ou révolutionnaires (Mouvement vert iranien en 2009, Printemps Arabes en 2011), la société civile s’est dressée contre des régimes politiques autoritaires, inégalitaires et vieillissants. Dans des sociétés où la liberté d’expression était limitée, le discours contrôlé, l’accès à l’éducation limité, ces mouvements de révoltes se sont accompagnés de l’émergence et d’un renouvellement de la création artistique, notamment dans le domaine des arts de la scène. Le cycle de recherches que nous mettons en place a pour objectif d’étudier la trajectoire politique et sociale des pays des régions du Proche et du Moyen-Orient par le biais de la création artistique, en particulier les arts de la scène et de la performance.
Les deux première journées d’études de ce cycle nous ont permis d’étudier les transformations sociales, politiques et culturelles dans les pays des régions des Proche et Moyen Orients et leurs conséquences sur la création théâtrale (novembre 2018) ainsi que les problématiques liées à la création face à la censure (mai 2019). Cette troisième et dernière journée de réflexion a pour objectif de se concentrer sur l’étude des arts du spectacle en temps de Révolution, sur le lien entre théâtre et événement dit « révolutionnaire », en particulier celui des printemps arabes de 2011. Dans le contexte d’une remise en cause des structures politiques et sociales encadrant depuis plusieurs décennies les sociétés, la société civile a manifesté son opposition à grande échelle. Dans ce cadre, de nombreux projets théâtraux et performances ont vu le jour, notamment à la faveur de la mise en suspend des instances de contrôle, alors même que les frontières entre artistes professionnels, amateurs et activistes étaient brouillées. Dès lors, face à une actualité devenant injonction à écrire, la question de la représentation de l’événement dans les dramaturgies et à la scène convoque des problématiques à la fois politiques et esthétiques. En premier lieu, dans le cadre d’un théâtre d’actualité qui tend à se définir en même temps qu’il se fait, une concurrence semble se dessiner entre représentation (réflexive, fictionnelle) et performativité de l’action politique, interrogeant la légitimité de la création et invitant les artistes à proposer de nouvelles formes, de nouvelles dramaturgies et de nouveaux dispositifs : chronique, épique, théâtre documentaire et de témoignage, agit-prop, théâtre participatif, performances dans l’espace public. Aussi, il est important de s’interroger sur la différence entre un théâtre qui se ferait en marge de l’événement, se positionnant en témoin de celui-ci pour rendre compte des transformations à l’œuvre ; et un théâtre qui aurait prétention à s’inscrire au cœur de l’événement, un théâtre à vocation performative, qui chercherait, par le discours et par le dispositif proposé, à être l’un des lieux où se jouent les nouveaux rapports de forces politiques et sociaux. Le théâtre est-il envisagé par les praticiens comme action ou réaction à l’actualité politique ? Le contexte des mouvements révolutionnaires nous permet ainsi de réfléchir à la question du théâtre politique et, peut-être, d’en donner de nouvelles définitions dans des situations spécifiques. Il s’agit enfin de s’interroger sur la manière dont la révolution est abordée à la scène, sur la révolution comme thème venant innerver les dramaturgies et l’imaginaire individuel et collectif, au cours de l’événement et ensuite, jusqu’à aujourd’hui, que ce soit pour mettre en place des dispositifs mémoriels, d’élaborer une critique ou d’historiciser l’événement.
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Cycle de recherche organisé par :
Sobhi BOUSTANI (INALCO/CERMOM)
Pauline DONIZEAU (Université Paris Nanterre/HAR)
Yassaman KHAJEHI (Université Clermont Auvergne/CHEC)
Contact : revoltes.performance@gmail.com
Image : Graffiti, Le Caire, février 2013. Photographie de Pauline Donizeau.