Colloque / Fiodor Ivanovitch Chaliapine, un chanteur au croisement des arts

19 et 20 octobre 2023

Chanteur de légende, tant par sa voix de basse chantante que par son jeu scénique, Fiodor Ivanovitch Chaliapine (13 février 1873-12 avril 1938) a radicalement renouvelé la figure du chanteur d’opéra. Des quartiers pauvres de Kazan aux opéras du monde entier, sa carrière fut aussi brillante en Russie qu’en Amérique, en Asie et en Europe où il s’exila en 1922, Il mourut à Paris en 1938.

Malgré cette notoriété internationale, Chaliapine reste diversement étudié à travers le monde : les années qui précèdent l’exil sont bien connues des Russes qui disposent d’une documentation abondante.  Depuis les années 1990, des relectures de son parcours d’émigré ostracisé ont été réalisées notamment par E. Dmitrievskaïa et V. Dmitrievski. N. Gorbounov a consacré plusieurs ouvrages aux tournées du chanteur à travers le monde.

Les Occidentaux sont plus démunis, surtout pour la période russe. Avant la parution de la biographie de Sylvie Mamy (2023), le lecteur français ne disposait depuis le début des années 90 que de la traduction de la biographie en anglais de Victor Borovsky (1993), et des pages consacrées au chanteur dans L’Histoire de la musique russe d’André Lischke (2003), L’Opéra privé de Moscou de Pascale Mélani (2012) et les écrits de Diaghilev (2013). En anglais, outre la biographie mentionnée, les ouvrages de Joseph Darsky, notamment sur les tournées nord-américaines, et la traduction complétée des autobiographies fournissent des informations complémentaires.

Ceux qui ont écrit sur le prodige Chaliapine ont eu tendance à la surenchère tant le personnage est hors normes. Célèbre dès le début des années 1890, au centre de l’attention pour le meilleur et pour le pire, Chaliapine par sa conduite émaillée de contradictions et d’excès sur scène, en coulisses, dans la vie publique, politique, familiale excite la curiosité, génère enthousiasme et commérages, alimente les rumeurs, provoque des clivages.

Ce colloque ne vise pas tant à éclairer des aspects méconnus de sa vie qu’à mettre en lumière les particularités de son talent qui vont bien au-delà de ses dons musicaux et vocaux. La formidable fascination qu’il a exercée sur tous les publics tient à sa maitrise d’autres arts que celui du chant, grâce à une curiosité artistique d’autant plus vive qu’elle fut relativement tardive. A l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du chanteur, ce colloque international se propose de rétablir dans sa totalité le parcours du chanteur dont les particularités vocales et expressives seront étudiées sous l’angle des relations avec la littérature, le théâtre dramatique et lyrique, les arts plastiques, la photographie, le cinéma. Une partie sera consacrée au mythe Chaliapine, à l’image que ses  contemporains, puis la postérité, ont forgée de lui et qui se transmet dans l’imaginaire collectif, avec des déclinaisons, des leitmotive et des variations depuis quatre générations.

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Organisation :

Eur’ORBEM (Cultures et sociétés d’Europe orientale, balkanique et médiane, Sorbonne Université/CNRS) : Sylvie Archaimbault, Marie-Christine Autant-Mathieu, Laetitia Brancovan
IreMus (Institut de recherches en musicologie, Sorbonne Université/CNRS) : Sylvie Mamy
HAR (Unité de recherches Histoire des Arts et des représentations, Université Paris Nanterre) : Marielle Silhouette, Christophe Triau