Colloque / Expériences du nocturne. Au cinéma, en photographie, en vidéo
Colloque
Expériences du nocturne. Au cinéma, en photographie, en vidéo
24 et 25 septembre 2021
INHA – Salle Vasari
2 rue Vivienne
75002 Paris
Co-organisé par
Judith Langendorff (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
Barbara Le Maître (Université Paris Nanterre)
Macha Ovtchinnikova (Université de Strasbourg)
Philippe Dubois (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
Relativement connu et établi dans le champ de l’histoire de l’art, de l’histoire de la musique et de l’histoire de la littérature — ce qui ne veut pas dire que sa définition y soit simple, unitaire et fixée — le Nocturne demeure néanmoins largement impensé dans les autres domaines, en particulier du côté des arts visuels modernes ou contemporains. De prime abord, la définition même de ce « concept », dans son acception la plus générale, est très variable et pose d’emblée nombre de questions et de difficultés, ne serait-ce que celles de son statut : le Nocturne désigne-t-il une « atmosphère » ou une « tonalité émotionnelle » (comme la Stimmung) ? Constitue-t-il un « genre » (avec ses cadres et ses codes) ? Relève-t-il d’une « forme » ou d’un « style » ? Est-ce un « dispositif » lié à des conditions matérielles de fonctionnement (des techniques) ? Est-ce une sorte de « catégorie esthétique » dépassant les spécificités des différents arts ou médiums ? La complexité et la diversité des problèmes mérite attention, et ce colloque se propose de faire travailler la catégorie dans des champs où elle n’a eu jusqu’ici que peu de reconnaissance. Au-delà du nécessaire retour aux origines du Nocturne (littérature, musique, peinture), et parce que la « vie des formes » est faite de déplacements et de métamorphoses, ce colloque a surtout pour enjeu d’en explorer les « réinventions » modernes en photographie, au cinéma et en vidéo. Pluridisciplinaire, son ambition est aussi bien de comprendre de quelle(s) façon(s) des représentations filmiques, vidéographiques ou photographiques réitèrent et prolongent cette longue tradition historique, que de saisir les subversions et autres remaniements contemporains du Nocturne.
En photographie et au cinéma, le « nocturne » reste pour l’essentiel à concevoir et à élaborer. Il existe à peine — dans la rubrique des « effets » (spéciaux, comme la « nuit américaine ») ou dans le lexique de l’éclairage (« extérieur nuit »). C’est un simple état d’apparence (producteur d’ethos) réduit au rang d’une poïétique, d’une technique, d’un art du faire, qui n’a pas accédé au statut de forme, a fortiori de catégorie esthétique. Et cela, alors même que depuis l’origine, la photographie comme le cinéma ont fait du noir (le négatif, le noircissement de la pellicule), de l’obscurité (la salle obscure, le labo) et de la nuit (le thème, le motif, le décor, l’ambiance), le centre même de leur univers visuel. Construire la question dans ses multiples dimensions sera l’ambition même de ce colloque.