Bruno Nassim Aboudrar, Barbara Le Maître, Jennifer Verraes et Jean-Sébastien Steyer (dir.)
Que signifie l’expression de « moments d’histoire naturelle » au cinéma ? Peut-on sérieusement associer le cinéma et ses fictions à une histoire naturelle dont les enjeux engagent la connaissance, sinon la science ?
Attachés à divers films réalisés depuis les années 1940 jusqu’à nos jours, nos « moments d’histoire » débutent avec l’apparition souvent fortuite de motifs liés aux représentations du monde naturel : ici, un savant branche un stéthoscope sur des plantes inconnues (The Thing from Another World, 1951), là, une expédition scientifique découvre un fossile éventuellement humain (Horror Express, 1972), ailleurs, des tailleurs-automates travaillent sur fond de planches anatomiques (Street of Crocodiles, 1986). Partant, l’ouvrage montre comment ces motifs forment les indices d’une autre histoire que celle racontée par le film : une histoire seconde que l’analyste distingue de la fiction qui la contient afin de mettre au jour un discours épistémique portant, par exemple, sur la classification des espèces, les techniques de visualisation des microbes, le fantasme d’une sexualité interspécifique ou le récit contrarié des origines de l’homme, en somme, l’incessante redéfinition du vivant.