Thèse
Photographie et traduction dans les écrits de photographes, sous la direction de Christian Joschke
À l’aide de productions et d’écrits de photographes, cette thèse veut définir ce qui est en jeu quand il est question de « langage photographique », antienne bien connue déjà présente aux débuts du médium. Luigi Ghirri écrit en 1987 dans son essai « L’obiettivo nella visione », que la photographie pourrait être un nouvel espéranto, capable de faire communiquer l’humanité toute entière. Il s’agira de comprendre si cette photographie vue comme langage universel, peut être comparée à l’étude de la traduction définie par Antoine Berman dans son « Épreuve de l’étranger » : « par excellence interdisciplinaire, précisément parce qu’elle se situe entre des disciplines diverses, souvent éloignées les unes des autres ». L’étude des manières de passer d’une langue à une autre permet de réfléchir au sens et à la matérialité d’une photographie. Cette thèse veut savoir si les particularités des processus de traduction se rapprochent de ceux de la photographie. En mettant côte à côte ces deux disciplines qui, à première vue, ne partagent pas grand-chose, il est possible de dessiner les rapports entre le langage et les images. Depuis l’utopie de l’art conceptuel des années 1960, le concept prend le pas sur l’objet et le langage devient un matériau légitime pour faire de l’art. La photographie en tant que « pratique de la signification » — selon l’expression de Victor Burgin — joue un rôle primordial dans cette dématérialisation. À la suite de ces expériences, il faudra se demander comment il serait possible de « traduire la photographie », voire même, comme l’écrivent Étienne Helmer ou Arnaud Claass, d’imaginer qu’elle puisse être une traduction simultanée du réel.