Emmanuel Wallon
Professeur émérite

Diplômé de Sciences Po Paris, docteur en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales, habilité à diriger des recherches en science politique, professeur de sociologie politique à l’Université Paris Ouest (Nanterre) et professeur invité au Centre d’études théâtrales de Louvain-la-Neuve (Belgique), ses travaux portent sur l’étude des politiques culturelles (européennes, nationales, territoriales) et l’analyse des rapports entre les arts et les pouvoirs à l’époque contemporaine. Membre du comité de rédaction des revues Les Temps Modernes (de 1995 à 2007), Études théâtrales (depuis 1993), L’Observatoire, la revue des politiques culturelles (depuis 2007), Nectart (depuis 2015), il a rejoint l’équipe de recherche en “Histoire des arts et des représentations” (EA 4414).

Auteur de A continent ouvert, Les politiques culturelles en Europe centrale et orientale (La Documentation française, Paris, 1992), il a dirigé divers ouvrages, parmi lesquels: L’artiste, le prince, Pouvoirs publics et création (Presses universitaires de Grenoble, 1991); Le temps de l’artiste, le temps du politique  (avec B. Masson, Les Cahiers du Renard, n°15, Paris, décembre 1993); Théâtre en pièces, Le texte en éclats, (Études théâtrales, n°13, Louvain-la-Neuve, 1998), La souveraineté,  Horizons et figures de la politique (avec M. Kail, Les Temps Modernes n°610, Paris, 2000) ; Le cirque au risque de l’art (Actes Sud, Paris, 2002, nouvelle édition 2013); Paris s’éveilleLes Temps Modernes, n° 617, Paris, janvier-février 2002 (avec M. Deguy & J.-F. Louette), Europe, scènes peu communes (Études théâtrales, Louvain-la-Neuve, n° 37, février 2007) et Théâtre, fabrique d’Europe (Études théâtrales, Louvain-la-Neuve, n° 46, décembre 2009) ; Scènes de la critique, Actes Sud-Papiers, Arles, 2015 ; Théâtre en travail, Mutations des métiers du spectacle (toujours) vivant (codir. avec M. Poirson), Théâtre/Public, n°217, juillet 2015. Il a publié de nombreux articles dans des revues et des ouvrages collectifs, notamment une vingtaine d’articles du Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959 (E. de Waresquiel, dir., Larousse, Paris, 2001), plusieurs notices pour l’Encyclopædia Universalis (Universalia 2001, 2005, Corpus 2007), le Dictionnaire encyclopédique du théâtre à travers le monde (Michel Corvin, dir., nouvelle édition, Bordas, Paris, 2008) et la Documentation française, ainsi que la postface de Qu’est-ce que le théâtre ? (C. Biet & C. Triau, Gallimard, Folio « Essais », Paris, 2006).

Président de Hors les Murs, association nationale pour le développement des arts de la rue et de la piste de 1998 à 2003, il a réalisé de 2003 à 2005 une étude pour le ministre de la Culture sur les Sources et ressources pour le spectacle vivant (Paris, 2005, publiée en ligne sur le site www.culture.gouv.fr). Il est depuis 2012 membre fondateur du collectif « Pour l’éducation, par l’art ».

Synthèse de la carrière

Le diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris, obtenu en 1976, un DEA en sciences économiques et sociales, passé en 1978, puis un doctorat en sociologie, également soutenu à l’EHESS en 1984, m’ont fourni les outils indispensables pour analyser l’exercice de l’autorité publique et la dynamique des mouvements sociaux. Ma thèse s’efforçait de montrer en quoi la genèse d’une formation sociale (celle de l’industrie soviétique) procédait des présupposés idéologiques de ses inspirateurs, mais aussi des stratégies d’adaptation déployées par ses agents à tous les niveaux de la hiérarchie. Mes recherches se sont ensuite orientées peu à peu vers des questions qui se situent à la jonction entre le niveau symbolique et le niveau politique de la représentation. Les deux sens de la notion de scène – propre et figuré – entraient dès lors en jeu. J’ai commencé à cerner celle-ci dans deux cadres bien distincts : d’une part en observant de près le rôle des artistes et des intellectuels dans l’essor des oppositions démocratiques en Europe centrale et orientale ; d’autre part en examinant les effets des réformes territoriales dans le champ culturel en France. Nous étions alors au milieu des années 1980. Mes débuts dans la carrière de chercheur, ainsi qu’un engagement en faveur du pluralisme syndical et politique dans cette « autre Europe » qui amorçait sa transition, m’attachaient encore au premier sujet. En plein élan de décentralisation, le second thème nourrissait les enseignements qu’on me demandait d’assurer comme vacataire, puis comme adjoint d’enseignement à l’Université ; mon penchant personnel, l’intérêt des étudiants, l’attente des professionnels, la demande des cadres administratifs et des élus locaux voulurent qu’il l’emportât.

L’initiative des collectivités territoriales dans le domaine culturel, mais aussi les ambitions ministérielles, l’action des associations et la pratique des professionnels des diverses disciplines artistiques constituèrent mes principaux thèmes d’étude de 1986 à 1991. Durant une saison entière, une collaboration étroite avec le Théâtre de Nanterre-Amandiers, alors dirigé par Patrice Chéreau, m’a familiarisé avec les réalités de la production théâtrale. Les enquêtes de terrain alternaient avec les voyages d’étude, les cours en licence avec les prestations en formation continue et les colloques avec les publications quand je fus recruté comme maître de conférences en science politique à Paris X Nanterre, en 1991. J’eus alors soin de hiérarchiser, pour mieux arbitrer en faveur de la deuxième, deux orientations de recherche qui risquaient de se concurrencer. D’abord, la rédaction d’un ouvrage (À continent ouvert, Les politiques culturelles en Europe centrale et orientale, Paris : La Documentation française, 1990) m’a permis de décrire les mutations artistiques et culturelles que les changements de régime hâtaient au centre de l’Europe. Ensuite, l’habilitation à diriger des recherches (HDR), soutenue en juin 1992, m’a donné l’occasion de faire le point sur la méthodologie de l’analyse des politiques culturelles, afin d’ouvrir la voie à des démarches comparatives dans l’ensemble de l’Europe aussi bien qu’à des approches disciplinaires dans le contexte français.

La connaissance des conditions économiques, sociales et politiques qui entourent la création artistique et qui influencent sa réception est nécessaire à l’analyse critique des œuvres. Elle favorise aussi la préparation des étudiants aux rigueurs de la recherche ou aux réalités de l’insertion professionnelle. J’ai consacré depuis lors la majeure partie de mes recherches et de mes enseignements à la réflexion sur les rapports entre les arts et les pouvoirs aux XXe et XXIe siècles. Cette spécialisation toujours plus affirmée a motivé mon passage de la 4e section du Conseil national des universités, à laquelle je fus d’abord rattaché, à la 18e section qui m’a qualifié en 2000, puis de nouveau en 2005, date de mon recrutement sur un poste de professeur de sociologie politique des arts dans cette même université, désormais baptisée Paris Ouest Nanterre La Défense.

Mes activités pédagogiques interviennent donc à la croisée de plusieurs disciplines, puisqu’elles mobilisent les sciences sociales tout en sollicitant l’histoire de l’art et l’esthétique. Les questions qui m’occupent ont pris de l’importance dans les cursus d’études théâtrales et les troisièmes cycles d’administration culturelle où j’enseigne, ainsi que dans la formation continue des professionnels du spectacle dont je préside les jurys. J’y voue l’essentiel de mon service dans trois UFR (DSP, SSA et PHILLIA), notamment au sein du département des Arts du spectacle. Le Centre d’études théâtrales de l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, en Belgique, m’a par ailleurs confié un cours de sociologie du théâtre que j’assure régulièrement depuis 1993, et depuis 2006 en qualité de professeur invité. J’ai en outre effectué des séjours de durée variable à l’invitation de diverses universités étrangères, en particulier à Montréal (UQAM), Bologne (Università degli Studi), Urbino (idem) et Naples (Università Suor Orsola di Benincasa), Tokyo (Waseda et Todai) à cinq reprises (de 2005 à mai 2014), durant un semestre entier comme Visiting Professor au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Cambridge (États-Unis), à l’Académie d’État Vaganova de Saint-Pétersbourg (Russie) et à l’Université fédérale de Bahia (UFBA, Brésil), sans compter diverses conférences pour les universités ou hautes écoles de La Havane, Lausanne, Milan, Londres, Salvator de Bahia et Santiago-du-Chili (mai 2015).

Titulaire d’une HDR depuis 1992, je dirige de nombreuses thèses dans le domaine des arts et quelques unes encore en science politique, qui m’ont valu l’octroi de la prime d’encadrement doctoral et de recherche (PEDR) en 2007-2010, 2011-2015 et 2016-2019. Je suis fréquemment invité à siéger dans des jurys de thèse ou de HDR, dès lors que leurs sujets impliquent les sciences sociales à travers l’histoire des faits culturels, l’étude des institutions artistiques ou l’analyse des politiques publiques dans ces domaines. En relation avec les enseignants-chercheurs de ces spécialités, de nombreux étudiants souhaitent que j’encadre leurs mémoires de recherche en master. Je conseille aussi dans leurs travaux des doctorants et chercheurs étrangers accueillis en post-doctorat (langues parlées : anglais, italien, allemand).

Domaines de recherche

  • Politiques et pratiques culturelles dans le monde contemporain. Relations entre les arts et les pouvoirs en France et en Europe aux XXe et XXIe siècles
  • Espaces, figures et formes de la représentation ; articulation du domaine politique et du champ artistique ; sociologie politique de la création et de la réception des œuvres d’art
  • Modes de production, circuits de diffusion et publics des arts de la scène (théâtre et spectacles)
  • Diplomatie culturelle, institutions culturelles et industries culturelles
  • Problèmes d’éducation artistique et culturelle en France et dans le monde
  • Approche pluridisciplinaire des transformations de la fonction critique
  • Sociologie des professions artistiques et culturelles

Projets

Liens

  • Emmanuel Wallon - Université Paris Nanterre