Sous la direction de Michèle Garneau et Barbara Le Maître
L’ambition de ce numéro est d’approcher l’acte de fabuler en interrogeant à nouveau frais, dans l’espace médiatique contemporain, sa présence et son action, ses raisons comme ses pouvoirs. Dans une perspective très ouverte sur la fable (à ses diverses acceptions comme à ses pouvoirs multiples ; à ses modes d’insertion comme à ses défis herméneutiques de voilement et de dévoilement); sur l’acte de fabuler (à ses raisons anthropologiques, philosophiques, poétiques ou scientifiques; aux êtres qui s’y adonnent à partir de différents nouages transdisciplinaires et (inter)médiatiques); à la fonction de fabulation (aux divers contextes politiques où elle est mise en branle et sur lesquels elle veut agir de manière créative), ce numéro contribue à saisir la nécessité de fabuler qui traverse l’histoire. L’ambition de ce volume est d’interroger l’expérience instigatrice de ces représentations primordiales et obliques que sont les fables, en tant qu’une telle expérience engage : 1°) la plasticité des formes : la fable est affaire de dissimulation, de dévoilement, de métamorphose, bref, d’élaboration de figures et de modulation du temps ; 2°) la construction et la valeur de savoirs subtils — « enseignement voilé » (Gaillard), la fable ne va pas sans leçon — et, par voie de conséquence, le registre de l’épistémologie ; 3°) le potentiel critique d’un discours qui, tout en jouant des écarts, tout en masquant ou en « projetant » ses vues, n’en vise pas moins le réel et ses engrenages historiques. Les articles de ce numéro s’attachent ainsi aux nombreuses poétiques de la fabulation, de même qu’aux modalités d’inscription du fabulaire dans un récit plus vaste — dont la fable ne constitue qu’un moment, ou un fragment.