Edité par Nicole Brenez, Jonathan Larcher, Alo Paistik, Skaya Siku.
Dans le sillage des mouvements d’autodétermination politique et culturelle des années 1960 et 1970, et avec la démocratisation progressive des outils filmiques et vidéographiques, les communautés autochtones travaillent depuis plus de quarante ans à déplacer et renouveler les formes et les moyens de production du cinéma, en réclamant leur droit à l’autoreprésentation. Si les cinéastes autochtones ont progressivement trouvé une place dans certains écosystèmes des arts filmiques (festivals, aides à la production, expositions), les formes d’images en mouvement les plus dynamiques naissent aujourd’hui au sein des communautés, au plus près de leurs préoccupations existentielles, de leur histoire et de leurs expériences vécues. Par son inscription dans le temps long des mouvements sociaux, anciens de plusieurs décennies ou même de plusieurs siècles, ce cinéma des luttes autochtones offre une vue inédite sur les inventions filmiques qui s’élaborent « en bas, à gauche », pour reprendre les mots du mouvement zapatiste. À l’échelle mondiale, ces créations filmiques sont aussi diverses que les communautés, variant entre formes documentaires, narratives et spéculatives, relevant d’approches allant du pragmatique au poétique, dans des formats variés, diffusées sur des chaînes de télévision autochtones ou des réseaux nationaux, diffusées en direct, en tant que vidéo militante, ou projetées dans des salles de cinéma ou des espaces d’exposition ou, encore, lors de rassemblements communautaires.