Séminaire CRITIQUE
Organisé par l’Institut d’Etudes Critiques
Marc Cerisuelo
Antoine de Baecque
Hervé Joubert-Laurencin
Cécile Sorin
2e séance, le mercredi 29 novembre, 18h-20h
ENS, salle 235 B
Entrée par le 29, rue d’Ulm, 2e étage, gauche.
Nous recevrons ROGER KOZA, critique de cinéma argentin, introduit, traduit, par Claire Allouche
« En Argentine, comme dans beaucoup d’autres pays, nous avons lu Bazin. Cela n’a rien d‘exceptionnel, comme cela a été démontré dans l’ouvrage passionnant Open Bazin. En effet, nous, les héritiers de Bazin et Daney, nous les avons lus comme s’il s’agissait de nos présocratiques. Un critique argentin méconnaît difficilement la noble et hétérodoxe tradition des Cahiers. Pour nous, tout a commencé en ce temps et en ce lieu ; une formation discursive a alors été fondée et nous avons essayé de reprendre une conversation sinueuse et inachevée. La question ici est de comprendre ou éclairer ce que signifie ce « nous ». Le nous n’est pas dans ce cas une allusion à un drapeau, mais à une position de lecture, assez déterminée par un lieu concret. Lire Bazin et Daney dans le Sud du continent latino-américain implique un autre mode de lecture. Dans le Sud, nous lisons d’une autre manière, nous nous approprions ce que nous lisons dans un autre système de coordonnées symboliques, peut-être moins précis que celui de l’origine et en même temps désobéissant à sa généalogie. Cela implique la naissance d’une autre tradition, qui a constitué une forme d’exercice de la critique cinématographique et qui a quelque chose de légitime à dire. Entre autres choses, comment penser, depuis la vieille tradition héritée du cinéma latino-américain, peu connu en Europe, où, paradoxalement, on a peut-être cessé de penser avec intensité en-dessous de l’orbite de cette tradition si célébrée dans le Sud. Dit autrement, qu’est-ce que la critique de cinéma argentin a à dire, que peut-elle dire ? Et qu’est-ce que je peux dire moi, qui essaie de parler (consciemment) et qui suis traversé par de longs débats qui arrivent souvent à cette question à l’allure sempiternelle : qu’est-ce que le cinéma ? »
Roger Koza
En Argentina, como en mucho otros países, hemos leído a Bazin. Nada tiene de excepcional, como ha quedado demostrado por el apasionante libro titulado Open Bazin. En efecto, nosotros, los herederos de Bazin y Daney, los hemos leído como si se tratara de nuestros presocráticos. En efecto, un crítico argentino difícilmente desconozca la noble y heterodoxa tradición de los Cahiers. Para nosotros, todo comenzó en ese tiempo y en ese lugar; una formación discursiva se erigió desde entonces y nosotros intentamos retomar una conversación sinuosa e inacabada.
El tema es aquí entender o esclarecer qué significa “nosotros”. El nosotros no es en este caso una alusión de bandera, pero sí una posición de lectura, bastante determinada por un lugar concreto. Leer a Bazin y Daney en el sur del continente latinoamericano implica otro modo de lectura. En el sur, leemos de otro modo y nos apropiamos de lo leído en otro sistema de coordenadas simbólicas, tal vez menos preciso que el de origen y al mismo tiempo desobediente de su genealogía.
Esto implica el nacimiento de otra tradición, que ha constituido una forma de ejercicio de la crítica cinematográfica y que tiene algo legítimo para decir. Entre otras cosas, cómo pensar desde la vieja tradición heredada el cine latinoamericano, poco conocido en Europa, donde, paradójicamente, acaso se haya dejado de pensar con intensidad bajo la órbita de aquella tradición tan celebrada en el sur. Dicho en otras palabras, qué tiene para decir la crítica de cine argentina, o qué puede decir. Y qué puedo decir yo, que intento hablar (conscientemente) y que estoy atravesado por largas discusiones que recalan siempre en esa pregunta con apariencia de sempiterna: ¿qué es el cine? (Roger Koza)