Journée transversale du HAR, 23 novembre 2021, Université Paris Nanterre
23 novembre 2021
Université Paris Nanterre
Bâtiment Max Weber, Salle des conférences
La vie du HAR dépend des dialogues noués avec des chercheurs étrangers qui acceptent de venir y partager leurs recherches. Brésil, Espagne, Etats-Unis : cette année, Vladimir Safatle, Gabriel Cabello et Jonathan Dentler, professeurs et postdoctorant accueillis au sein du HAR présentent leurs travaux sur le modernisme architectural brésilien, sur la critique baudelairienne de la photographie et sur les usages du mythe de l’Atlantide aux Etats-Unis. Dans tous les cas, ce sont la complexité, les contradictions internes de la culture visuelle de la modernité qui sont en débat, en recourant aux moyens de l’histoire de l’art, de l’esthétique, de l’historiographie et des études visuelles.
9h30-10h15
Vladimir Pinheiro Safatle
La construction esthétique d’un Pays : modernisme et abstraction dans l’architecture brésilienne
Il s’agira de discuter l’usage du modernisme dans le projet politique de construction d’un peuple propre au populisme latino-américain des années 40 et 50. Dans le cas brésilien, ce projet sera conduit par l’architecture et articule modernisation socio-économique et modernisme esthétique. De cette façon, le projet du XIXème siècle d’une société construite à partir d’un programme esthétique se réalise, mais sous l’auspice d’un état populiste. Je voudrais aborder ce projet à partir de ses forces et ses faiblesses, en travaillant ces contradictions internes.
Vladimir Pinheiro Safatle, professeur invité à l’Université Paris Nanterre par le HAR conjointement avec les unités de recherche Sophiapol et Ireph, est professeur au Département de Philosophie de l’Université de São Paulo (Brésil). Il est auteur de : Le circuit des affects: corps politiques, détresse et la fin de l’individu (Le bord de l’eau, 2022), La passion du négatif: Lacan et la dialectique (Georg Olms, 2010), Grand Hotel Abyss: desire, recognition and the restoration of the subject (Leuven University Press, 2016), ainsi que de plusieurs livres en portugais sur la Théorie Critique, la philosophie politique, la psychanalyse et la pensée française contemporaine.
10h15-11h00
Gabriel Cabello Padial
Cette image plate, mue par un seul fil… Baudelaire et la pratique des images
Le frontispice « ultra-romantique » de la deuxième édition des Fleurs du mal implique un contact de Baudelaire avec la photographie qui a reçu peu d’attention de la part de la critique spécialisée jusqu’à aujourd’hui. À partir de la correspondance que Baudelaire entretient à ce sujet entre le printemps 1859 et l’été 1861, je voudrais montrer comment son refus explicite de la photographie, dès lors que l’on retrace son rapport aux jouets et à l’espace réel, devient le modèle secret de la pratique des images posée par la modernité baudelairienne. Ainsi, sa tentative obstinée de reconstruire le romantisme aboutira finalement à une réaction contre la culture naissante du spectacle, en faveur d’un art mnémotechnique que les avant-gardes du vingtième siècle exploreront.
Gabriel Cabello Padial, professeur invité à l’Université Paris Nanterre par le HAR, est professeur agrégé d’histoire de l’art à l’Université de Grenade, où il enseigne des cours de théorie de l’art et d’art contemporain. Ses recherches portent sur l’art contemporain, dont le cinéma, et sur les inflexions actuelles de l’historiographie de l’art. Il a publié des travaux sur le cinéma (La Vida sin Nombre, La lógica del espectáculo según David Lynch, 2005 ; « Between real objects and moving images. The imaginary and projection from André Breton’s Le Cendrier Cendrillon to Luis Buñuel’s Viridiana », 2019), sur l’art contemporain (José Guerrero. Litoral, 2019 ; « El espesor de intervalo. Los espacios poéticos de Miguel Ángel Campano », 2019) et sur l’historiographie de l’art (Georges Didi-Huberman: imágenes, historia, pensamiento, 2017 ; «Descripción histórica y estética filosófica. La historia social del arte entre la reivindicación de los hechos y el anacronismo», 2015 ; « Entre el gesto y la constelación. Aby Warburg, Walter Benjamin y la historiografía del arte como tarea crítica », 2020).
// 11h00-11h15 pause //
11h15- 12h00
Jonathan Dentler
Hilaire Hiler’s WPA Murals and the Atlantis Myth in Interwar U.S. Art
(communication en anglais)
Atlantis’ “lostness” – the fact that its location in time and space was not known – made it a fertile ground for the imagination. Unlike national territory and history, it was not clearly marked with borders, roads, or monuments. It might be at the bottom of the sea, a kind of ur-space from which life emerged and where its most primitive forms took shape, invoking the feeling of being “at sea” and disoriented in time and space. Alternatively, it might exist as ruins, enabling engagement with the aesthetic legacy of the picturesque. Atlantis was also a technologically advanced and spatially extensive civilization that met its doom because it forgot its gods – a fact that enabled reflection on growing American power and a changing, increasingly secular culture. In this talk, I will historically contextualize a Federal Art Program mural project by the American artist Hilaire Hiler, which was completed in 1939 for the Aquatic Park Bathhouse and Casino in San Francisco (today the National Maritime Museum). In the U.S. context, Atlantis was deeply associated with pre-Columbian American civilizations, and broadly with primitive and archaic. In the interwar period, Atlantis helped figure departures from what many saw as the anarchic and alienated forms of life associated with industrial modernity, and the return to or invention of new forms of integrated communal life. Ultimately, Atlantis may have been an uncanny shadow of the U.S. itself, a terrain in the cultural imaginary within which a knot of difficult issues concerning technology, civilization, and colonization could be worked up, if not quite worked through.
Jonathan Dentler est chercheur post-doctoral de la Fondation Terra 2020-2022 associé à l’Université Paris Nanterre (HAR) et à l’Université de Paris (LARCA). Il a récemment obtenu son doctorat à l’University of Southern California. Sa thèse, intitulé « Images Câblées : Télécommunications Visuelles, Agences de Presse, et l’Invention d’image du monde, 1917-1955 » (Wired Images : Visual Telecommunications, News Agencies, and the Invention of the World Picture, 1917-1955) est une histoire mondiale des services de phototélégraphie.
// 12h00-12h30 discussion //