Préface de Birgit Beumers
À l’heure où émergent plusieurs cinématographies issues de studios régionaux de Sibérie, cet ouvrage examine la représentation et la participation des peuples autochtones du Nord dans les films de cinéma et de télévision soviétiques. En effet, des années 1920 aux années 1980, les figures filmiques des peuples du Nord ont été tiraillées entre visions du « progrès » et de l’« authenticité », produisant autant d’images qui permettaient à l’URSS d’évaluer sa propre perception de la modernité. Au-delà de la stricte analyse des représentations, ce livre déplace le point de vue vers l’expérience des autochtones, acteurs ou assistants, ayant participé à la production de ces images des deux côtés de la caméra.
Prenant appui sur de nombreux documents d’archives, il esquisse une ethnographie historique des tournages, problématise les questions de casting et de réappropriation des images, et amorce une généalogie des cinémas autochtones sibériens actuels. Les héros de cette histoire, qui entend mettre les voix autochtones au centre du récit, ne sont donc pas les cinéastes habituellement célébrés par les histoires du cinéma, mais plutôt Sountsaï Gueonka, guide oudégué d’une expédition cinématographique en Extrême-Orient en 1928, Zinaïda Pikounova, actrice évenke d’un téléfilm tourné à la fin des années 1960 en Sibérie centrale, ou Iouri Rytkhéou, écrivain tchouktche devenu scénariste dans les années 1970.
Publié avec le soutien de l’UR Histoire des arts et des représentations (HAR) – Université Paris Nanterre et du laboratoire CREE de l’INALCO.