Colloque organisé par Hugues Choplin (Université de Technologie de Compiègne), Eric Hoppenot (Paris Sorbonne), Alain Milon (Université Paris Nanterre).
Selon un certain nombre d’auteurs – philosophes ou scientifiques –, l’enjeu écologique requiert la remise en cause de notre pensée dite “moderne” ou “occidentale” et des gestes qui la structurent (la hiérarchie culture/nature par exemple). Mais qu’en est-il de l’écriture ? On sait qu’une certaine pensée contemporaine (Blanchot, Barthes, Derrida…) a affranchi l’écriture – et l’expérience dont elle procède – de sa subordination à la pensée et à la parole d’un auteur. Comment peut-elle aujourd’hui affronter la singularité et la gravité des questions écologiques, sans rétablir, d’une manière ou d’une autre, une idéologie inadéquate de la Nature ?
Le problème concerne d’abord nos capacités – ou incapacités – à rendre compte du et des vivants. Comment assumer, par exemple, une écriture non-anthropomorphique de l’animal et de son irréductible étrangeté (H.S. Afeissa) : une écriture (littéraire, cinématographique, numérique…) qui, peut-être, porterait moins sur l’animal qu’elle ne viendrait de lui ? Comment l’écriture, en particulier scientifique, peut-elle rendre compte de la singulière complexité des milieux de vie auxquels nous appartenons nous-mêmes essentiellement, en tant que pièces du puzzle écosystémique (L. Abbadie) ? Faudrait-il donc qu’une nouvelle cosmogonie l’emporte sur la cosmologie, encore soumise à la langue des humains ?
Mais ce problème de l’écriture engage également les transformations nécessaires de nos modes de vie et de nos façons d’être ensemble : comment écrire, loin de tout grand récit, les scénarii possibles – éventuellement utopiques – de ces transformations ? Comment assumer dans l’écriture – juridique, politique, philosophique… – l’injonction contradictoire selon laquelle l’humanité est aujourd’hui à la fois sommée de renoncer à ses privilèges au sein de la nature et engagée à assumer sa responsabilité unique dans la situation écologique qui est la nôtre (I. Krotlica) ? De telles exigences conduisent, semble-t-il, à problématiser et à transformer en profondeur nos modes d’écriture : à désécrire ?
Nous proposons dans ce premier colloque de traiter cet enjeu et ces questions de manière résolument multidisciplinaire. Les contributions proposées pourront, le cas échéant, privilégier l’examen de pratiques d’écriture émergentes (scientifiques, juridiques, politiques, littéraires, cinématrographiques ou numériques…).
Colloque organisé avec le soutien de l’IUF (Institut Universitaire de France), le HAR Paris Nanterre, le Costech de l’UTC (Université de Technologique de Compiègne), et le CELLF Sorbonne Université.
Calendrier :
– remise des propositions (1 page avec petite présentation) : 15 septembre 2023
– sélection des propositions : 30 octobre 2023
– date du colloque : 22-23-24 mai 2024
– lieu : Salle des débats, Université Paris Nanterre
Le colloque donnera lieu à la publication d’un ouvrage.
Vous pouvez envoyer vos propositions à :
hugues.choplin@utc.fr
eric.hoppenot@inspe-paris.fr
alainmilon@neuf.fr